[RP] Nouvelle affaire Starkel

Le comportement de Starkel empirait, Sœur Jenah se rendit de nouveau auprès de l'archevêque pour lui faire part de la nouvelle affaire. Décidemment ça n'arrêtait pas en ce moment.

L'Archevêque était en train de déjeuner sur son bureau, entouré de la paperasse de Rome, de l'Office des chapelles et de projets pour une future cloches pour la cathédrale de Besançon, quand il reconnu la voix dans le couloir de l'Archidiaconesse.

S'essuyant un peu les lèvres. Hmm... entrez, entrez, c'est ouvert.

Bonjour Monseigneur, dit-elle en le saluant comme il se devait. Oh vous mangiez tout seul ici... j'espère ne point troubler votre appétit.

Les émeraudes parcoururent le bureau surchargé, les archevêques avaient toujours tant à faire.

Bonjour, ma sœur. Souriant. Non, non, vous ne me dérangez pas, j'avais presque terminé.

Il fit de la place sur le bureau, écartant les documents et rangeant un peu les plumes et l'encre. Il lui montra la bouteille de vin rouge d'Aragon qui accompagnait le poulet qu'il avait entamé. Il prit une coupe et lui servit, puis lui tendit.

Tenez, goûtez-moi ceci. Elle m'a été envoyé en caisse pleine par mon cousin à Valence.

Il se redressa sur le dossier de son fauteuil et l'invita à s'asseoir.

Alors, qu'est-ce qui vous amène, ma Sœur ?

Je vous remercie,

La brune ne se fit pas prier pour porter la coupe à ses lèvres, c'est qu'elle s'y connaissait en vin rouge, étant native de Bourgogne. Elle savoura une gorgée du nectar, avant de reposer la coupe afin d'annoncer la raison de sa venue.

Ce qui m'amène est une autre affaire assez similaire à la dernière dont je vous ai parlé récemment. Il s'agit encore de Messire Starkel. Celui-ci est intervenu au début de la cérémonie de funérailles de Son Altesse Sérénissime Imladris van Ansel en la cathédrale de Besançon. Le duc est intervenu afin de pousser la chansonnette, une chanson qui se moquait du défunt. Par la suite plusieurs fidèles et moi même lui avons demandé de s'arrêter. Alors il s'est mis à m'insulter et à insulter d'autres fidèles ensuite. Enfin, il est allé jusqu'au blasphème en inventant des paroles à notre prophète Aristote. Tout ceci en plein deuil... alors que le cortège était arrivé et que le cercueil allait être porté dans l'église. Imaginez le desarroi...

Elle marqua une pause reprenant du fin breuvage, c'est qu'elle avait été profondément peinée pour le défunt et sa veuve qui était une amie.

Le prélat réfléchit quelques instants. Cette affaire semblait tendue entre les deux protagonistes.

Bien, je viens de recevoir deux lettres. L'une, de Sire de Saint-Arkel, m'annonçant qu'il ne viendra pas pour régler ceci à l'amiable. Je vais donc le convoquer moins à l'amiable, mais toujours pour voir si nous pouvons arranger les choses et qu'il comprenne qu'on ne peut point proférer de pareilles paroles à l'encontre d'un clerc, car cela revient à de la diffamation envers l’Église elle-même.

... et l'autre de Sa Grandeur en personne qui vous accuse, ma Soeur, de parti-pris politique.

Il lui tendit la lettre.

Spoiler:

Je ne prends pour l'instant aucun avis sur la réalité ou non de la plainte.

Il marqua une pause. Comme vous savez, bien que le Droit canon ne précise pas que les clercs doivent s'abstenir de politique, le Dogme, lui, stipule formellement qu'ils doivent être au-dessus de ça. Comprenez-vous, ma sœur ? Selon la Cité d'Aristote, l’Église, au contraire de se plonger dans les méandres de la politique et des combats politiciens, doit en être l'arbitre. Le clergé ne peut pas se permettre de prendre des positions partisanes, sauf lorsque la Foi est en jeu, comme ce qu'il s'est passé en Lorraine récemment ou plus anciennement en Bourgogne du temps de la Duchesse Angélyque. Le peuple ne verrait en eux que des politiciens et non les ministres de Dieu.

Nous avons déjà une représentativité au Parlement pour surveiller et taper de la crosse sur la table si besoin. L’Église n'a pas besoin de plus, et la situation lui est assez favorable pour qu'on ne monte pas au créneau. De plus, Notre Sainte Mère a tellement plus à s'occuper que les conflits inter-partis, les gestions économiques ou politiques des Duchés.

Il soupira. Le relations entre le temporel et le spirituel ont toujours été très tendues...j'en sais quelque chose, et ma crosse aussi. Un fragile lien de confiance s'établit. Brisez ce lien, et il sera rompu longtemps durant, avec énormément d'efforts pour le recoudre.

Vous êtes l'Archidiaconesse de cette Province, vous n'êtes pas un simple clerc. Vous portez sur vos épaules la responsabilité de la probité et de la réputation de l'Archevêché. Vous êtes une figure d'autorité et de conseil aux yeux des Comtois.

La brune n'était pas étonné du courrier de Sa Grandeur, elle avait même déjà prévenu l'archevêque de l'affaire en question.

Si vous ne souhaitez pas que les clercs de Franche Comté puissent exercer des postes faisant partie du temporel et donc du politique ou qu'ils fassent partie de la noblesse dites le clairement. Pour ma part je n'ai jamais caché cette double appartenance, ni mon implication dans les activités temporelle et cela a toujours été une liberté laissée en la province de Besançon. J'ai été au Parlement un grand nombre de fois, j'ai participé au débat en agora un grand nombre de fois et je suis archidiaconesse de Besançon depuis que Nufilen était archevêque de Besançon. Jamais il ne m'a été reproché de participer aux débats comtois sur tous sujets. C'était même le contraire puisque Monseigneur Aristokolès par exemple souhaitait pousser les clercs à s'engager dans des listes politiques.

La constitution de Franche Comté et le Concordat sont assez clairs là-dessus en mentionnant le fait que les clercs peuvent accéder à tout poste temporel et que nul ne peut être jugé pour ce qu'il croit. Si ceux-ci devaient changer, je vous prie de m'en aviser.

Si le prestige de l'église était réellement le souci de Sa Grandeur Confucius, je crois qu'il n'aurait pas fermé les yeux sur les multiples insultes que profère un de ses conseillers à mon égard. Je crains que cette plainte ait un autre fondement que de celui qu'est de s'inquiéter pour l'Eglise.

L'Archevêque rangea les deux lettres dans un des tiroirs de son bureau, puis se reporta sur son interlocutrice.

Calmez-vous, ma sœur. Les joutes verbales en place publique ont-elles eu raison de votre tempérament ? Il ne s'agit pas d'une accusation, ni d'une interdiction, mais d'une discussion à caractère dogmatique et doctrinal sur l'implication du Clergé dans le siècle, et je viens de vous livrer là le point de vue d'un rigoriste, qui est le mien...et j'attendais le vôtre.

Il n'apprécia pas le ton que son Archidiaconesse prenait, mais il l'ignora et dit d'un ton sec.

Du reste, m'avez-vous entendu parler du Concordat et de le modifier, lors même que je vous dis que le Droit canon n'interdisait ? Vous semblez me parler de votre ancienneté ici, qui est tout à votre honneur, mais m'avez-vous entendu vous demander vos états de service en Franche-Comté afin de vous légitimer ou vous justifier ? Je n'en ai pas l'impression. Enfin, m'avez-vous entendu vous faire une quelconque remontrance ou interdiction ? Je n'en ai pas la certitude.

Il se calma, il avait eu tort de s'emporter et il eu un peu honte. Pardonnez mon emportement, ma soeur... ce n'était pas dirigé contre vous.

Il soupira, làs. Mais comprenez-vous... Le prestige de l’Église n'est peut-être pas le souci du Franc-Comte, mais il est le mien. Et je ne saurai tolérer dans la Province que je dirige, que de pareilles accusations soient proférées à l'encontre de mes subordonnés, et j'entends bien tirer cette histoire au clair, en toute impartialité.

Je me trouves face à deux personnes qui vous pointent du doigt pour la même chose, dont une qui vous insulte en place publique et une qui émet une plainte à votre égard concernant votre attitude davantage politicienne que cléricale. Allez savoir si d'autres vont peut-être tomber de je-ne-sais-où. Mais je vous le répète, ma Sœur, je n'ai encore rien tranché, et si vous vous souvenez bien, je vous avais écris précédemment que jamais le temporel ne viendrait empiéter sur le spirituel. Cette affaire, nous la réglerons entre nous hors de toute influence,

Je suis tout à fait calme Monseigneur et je vous dis les choses comme je les vois et les pense. Il n'y avait en effet nul emportement dans son ton, elle disait les choses c'est tout et souhaitait que les choses soit bien aplanies. Et elle ne comprenait pas bien l'empressement de son archevêque.

A vrai dire Monseigneur vous m'avez là demandé mon avis sur aucune question. Vous parliez d'un parti-pris politique qui vous avait été dénoncé. Puis plus tard que l'Eglise avait d'autres choses à faire que de traiter d'affaires politiques ou économiques d'un Duché.

Avec les autres archevêques, il y avait une liberté de participation aux affaires politiques ou économiques. Celle-ci est relayée par la Constitution et le Concordat, qui sont susceptibles de changer n'importe quand et surtout en ce moment où chaque droit est remis en question. Je ne sais pas exactement votre point de vue sur la participation des clercs aux affaires temporelles et vous avez parfaitement le droit d'avoir un autre point de vue que ceux de vos prédécesseurs. Chacun dirige l'archidiocèse à sa façon. Comprenez seulement, qu'en ce cas je souhaite en être clairement informée. Il est important, je le crois, de savoir ce que vous attendez réellement de moi et des clercs de Franche-Comté de façon générale, afin de pouvoir afficher au mieux une unité aux yeux des fidèles.

Maintenant si vous souhaitiez mon avis théologique sur la cité idéale. Elle fonctionne au mieux car chacun trouve sa place. Chacun est accepté et œuvre dans le seul but du bien commun. Dans chaque classe tout le monde est égal et les trois classes ont leur rôle propre et fondamental. Les affaires personnelles n'ont pas lieu d'être, la communauté prévaut.

Il s'était peut-être emporté pour rien, mais la Lorraine et les conflits incessants entre pouvoir spirituel et temporal rôdaient toujours en son esprit et il repoussait l'échéancier qui le replongera, crosse en main, dans l'enfer des joutes verbales.

Il n'est pas question de retirer aux clercs leur implication politique, non, même si de mon avis personnel, et pour l'accomplissement de l'idéal d'Aristote, les clercs ne devraient pas occuper de postes à responsabilités politiques. Tels les nonces apostoliques qui n'ont pas le droit de s'inscrire sur des listes politiques, vous voyez ? Ils sont déjà les ambassadeurs du Saint-siège, ils ne sauraient être les représentants d'autres choses. Comme vous dîtes, la communauté prévaut. Et la seule communauté qui soit, est la Sainte Église.

Permettez-moi de vous raconter une petite histoire, tirée de mon expérience lorraine ... vous avez le droit de vous endormir.

Il craqua une allumette de bois et s'en servit pour allumer sa pipe déjà préparée. Il en profita pour ouvrir une fenêtre et fumer devant, pour ne point gêner l'Archidiaconesse.

Plusieurs diacres, chacun une pensée politique différente. Les uns tournés vers l'Empire, les autres, la France et encore d'autres, l'indépendance, pour faire court. Tous occupant des places sur des listes différentes, et bien sûrs, chacun s'entre-déchirants presque en place publique, à la vue de tous. Quelle est l'avis, alors, des fidèles au niveau des paroisses, au niveau du Diocèse ? Que l’Église n'est pas unie, qu'elle est faible et bien trop préoccupée par le ressort temporel du spirituel. Ne croyez pas que ça ait un faible impacte sur le peuple des croyants... j'ai vu des fidèles traîner des diacres dans la boue, entacher l'image de la Sainte Église. Et j'ai eu mon lot, moi aussi... Vox clamantis in deserto...

Alors, rien n'empêche à un clerc d'entrer en politique, c'est vrai. Mais il doit le faire en connaissance de cause de sa situation de clerc, qui est au-dessus de tout autre, en tant que serviteur du Très-Haut - entendez bien que je ne dis pas que ce n'est pas votre cas. C'est pourquoi je prône le rôle d'arbitre du temporel.

Il sourit. Car là encore une fois, le Dogme nous éclaire de la Vérité de Dieu. Si Dieu est le créateur de toute chose, le pouvoir spirituel, issu en premier de Dieu et issu de l'essence divine, prime sur le pouvoir temporel qui en découle et qui n'existerai pas sans lui. De par la Création même, le spirituel a vocation à surveiller et à légitimer le temporel, et les deux, par la même, ont nature à se compléter.

Il se tut un instant, puis reprit la parole. Je vous dis cela, ma Sœur, et je gage que vous le saviez déjà, afin que tous les clercs de Besançon se mettent en tête qu'avant d'être un acteur de la politique, ils en sont l'arbitre.

La brune écouta son histoire, qui lui parlait plutôt bien car elle avait tenté de suivre cette histoire Lorraine étant également noble Lorraine et elle avait eu là des choix à faire.

Il est certain que la crise Lorraine a été très forte. La Lorraine a longtemps souhaité l'indépendance et a pensé pouvoir sortir de l'Empire en s'alliant à la France. Malheureusement en même temps que ce choix d'autres complètement désastreux ont étés faits, comme par exemple essayer de se faire entendre de l'Empire en produisant un massacre à Luxeuil...ou d'autres attaques gratuites. Enfin, j'ai pour ma part dû faire un choix aussi, étant habitante de Franche-Comté mais aussi noble de Lorraine, la situation n'était pas aisée. J'ai alors beaucoup prié pour que cette violence inutile cesse.

Pour ce qui est du rôle de clerc, je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que nous avons une certaine exemplarité à conserver.

Jenah poursuivit après être restée un moment pensive. Par rapport aux nouveaux dires de Starkel, ne pensez vous pas que nous devrions contacter la SI? Car faire dire une fausse phrase, qui plus est plutôt grossière, à un prophète me paraît encore plus grave que les faits précédents.

Il se frotta le menton tout en l'écoutant.

Oui ... et comme le résume si bien Nikolos à Sénèque, le clerc, qu'il soit ordonné ou non et qui occupe une fonction publique, se doit toujours de mettre sa charge pastorale en premier avant le reste et de conformer ses actions en tant que telles, car un serment prononcé devant le Très-Haut dépasse de bien loin tous les autres.

Ainsi, le prophète-roi a le droit, selon Aristote, d'agir en politique et d'occuper une fonction publique, mais Christos vient nuancer son propos lorsqu'il constitua la Sainte Église : Un clerc ne peut être partisan d'aucun parti à part celui de Dieu et doit agir en conséquence.

Tenez, lisez... une saine et éclairante lecture, que je garde en tête depuis la Lorraine. Il lui tendit le Saint Bouquin ouvert à la page de l'hagiographie de l'Apôtre Nikolos

Citation :: Quand Nikolos me raconta cette leçon de Christos, je lui demandai le sens profond des paroles de ce dernier.
« Christos, me dit-il, était très conscient de la supériorité de Dieu sur les Hommes et il voulait absolument empêcher que la pureté de la loi divine soit souillée par le péché ; c’est sans doute la raison pour laquelle il institua l’Eglise.
Dieu est souverain en toutes choses.
De cette souveraineté dérive la Loi et pour la plupart des Hommes de tous les pays la morale.
L’Eglise a été voulue par Christos pour représenter cette souveraineté divine.
C'est pourquoi l'Eglise agit et légifère en son nom.
C’est l’Eglise que Dieu a délégué aux hommes pour fixer la Loi et la morale en suivant ses paroles contenues dans le Livre des Vertus.
D’où la nécessité de la liberté absolue de l’Eglise et des hommes qui la composent.
Comment veux-tu qu’un homme d’Eglise, s’il devient l’homme d’un autre homme, puisse préserver cette liberté ? Et comment ne pas voir que les intérêts privés de l’homme auquel il a prêté serment pourraient polluer la pureté divine ?
- Mais, Frère Nikolos, je ne comprends pas pourquoi Christos interdit aux hommes d’Eglise de faire de la politique alors qu’Aristote pense l’inverse.
- Sénèque, à l’époque où Aristote vivait, l’Eglise n’existait pas ; les choses sont donc différentes entre l’époque d’Aristote et l’époque de Christos. Mais ce que Christos voulait dire, c’est qu’un homme d’Eglise, même s’il exerce une fonction publique, doit se comporter en homme d’Eglise et faire prévaloir la morale divine sur les intérêts particuliers afin de préserver la pureté divine et ne pas souiller le nom de Dieu ».

Vous comprenez que je ne veuille pas interdire aux clercs bisontins d'occuper des postes publics, j’aimerai empêcher toute partisanerie politique au détriment de l’Église. Il lui sourit.

Et pour en revenir aux moutons...

La Sainte Inquisition, la Sainte Inquisition, toujours la Sainte Inquisition... à croire qu'il n'existe d'Officialité épiscopale uniquement pour les dissolution de mariage. Il sourit. C'était ça... partout les tribunaux épiscopaux étaient devenu des sortes de clubs matrimoniaux pour régler les soucis de couples...

Laissons l'Inquisition là où elle l'est dans un premier temps. L'officialité épiscopale est tout à fait compétente pour gérer ce genre de problème. Je vous propose donc d'envoyer une lettre à l'Inquisition afin qu'il nous dépêche un procureur, puisque nous n'en avons plus depuis Sarah et d'ouvrir ce procès en première instance. Cela vous va ?

La brune prit le parchemin afin d'en faire lecture. Puis elle rebondit sur les dernières paroles de l'archevêque.

Comme vous voudrez, des insultes envers un clerc ont déjà été traitées par notre Officialité archiépiscopale, ainsi que l'intrusion au cours d'une cérémonie. Je me souviens que Galovert avait souhaité perturber un mariage... cependant jamais nous n'avons traité de cas d'hérésie ou s'apparentant à cela du moins.

Pour l'Officialité, j'étais officiale, mais pour cette affaire il vous faudra prévoir quelqu'un d'autre. Et il nous faudra il est vrai un missus. Pour Sœur Elisabeth je ne suis pas certaine qu'elle occupait cette charge, aucune annonce officielle ne l'avait placée à ce poste. Nous n'avons réellement plus eu de procureur depuis la disparition du Frère Gustavev.

Il sourit à la remarque de l'Archidiaconesse. De marques d'hérésie, il n'y a point, uniquement de blasphème, qui relève du cas disciplinaire.

Ne nous enflammons pas pour une simple insulte sorti de la bouche d'un fanfaron souhaitant se faire remarquer en usant de la figure d'Aristote... c'est en tout cas tout ce que nous avons pour le moment. Si évidemment, le Sire de Saint-Arkel va plus loin dans son blasphème, nous pourrons soulever le cas de l'hérésie. Mais pour l'heure, l'Officialité suffira.

De toute façon il y a plusieurs juridictions impliquées dans cette affaire puisque Starkel relève de la Province de Lyon. Je vais tenir quelques mots à notre voisin afin que tout soit fait en règle.

Sur ces mots, il rédigea une petite missive et la tendit à son secrétaire. Veuillez transmettre ceci à l'Inquisition afin de les prévenir par courtoisie de l'affaire et de leur mander un procureur.

Mgr Huon passait devant la porte de l'archevêque, que sa consoeur n'avait pas refermée, certainement pressée de faire part de ses préoccupation à Mgr Arnarion. Il entendit que les échanges concernaient Starkel.
Après hésitation, il frappa à son tour à la porte de l'archevêque, pour signaler sa présence, sans pour autant oser pénétrer chez l'archevêque pendant son repas sans y être invité.

La brune restait pensive, l'attaque d'un prophète lui paraissait bien plus grave que les insultes basses que Starkel lui avait destinée. Elle fit part de ses interrogations à l'archevêque. Je ne suis pas certaine qu'il n'y ait qu'un cas disciplinaire. Enfin pour les insultes pures et dures à mon égard, oui c'est un manque flagrant de discipline. Par contre faire dire quelque chose à Aristote, cela me parait pour ma part relever du Dogme. Aristote est tout de même un prophète, ses paroles ont été dictées par les révélations que le Très-Haut lui a faites, aller les changer me parait plus que déplacé. Je pense qu'une enquête de la Sainte Inquisition pourrait être nécessaire là dessus, avant justement que Starkel aille encore plus loin, ne pensez-vous point que cela puisse être utile?

Puis un bruit se fit entendre contre l'huis.

Il sourit. Il est vrai que la limite était mince entre un blasphème et une hérésie.

Vous savez, ma Soeur, un blasphème est une insulte, assumée ou non. Une hérésie est la profession d'une fausse croyance, déviante ou déformante de la Vérité divine. L'un et l'autre sont différents, même si je vous concède que le blasphème bien souvent mène à l'hérésie.

Soit. Après tout, vous êtes la plaignante et c'est vous qui avez été témoin, et non moi. Vous êtes donc meilleure juge. Vous avez parfaitement le droit de vouloir saisir l'Inquisition et non l'Officialité...

Il se retourna au bruit suspect dans le couloir, et il aperçu un clerc qu'il ne connaissait pas encore. Il est vrai qu'il avait été tellement pris par toute les paperasse qu'il n'avait pris le temps de faire le tour de l'Archidiocèse, comme il se l'était promis.

Souriant. Entrez, entrez, mon frère, ne restez pas tel une ombre grise derrière la porte ! Dit-il en plaisantant.
Il lui fit signe de s'asseoir sur un fauteuil à côté de l'Archidiaconesse. Prenez place, je vous prie. Nous étions en train de discuter de diverses choses avec Soeur Jenah, notamment la place du clerc dans la fonction publique. Voulez-vous participer ?

A ces mots, il déboucha la bouteille de vin d'Espagne et lui servit une coupe.

Mgr Huon entra à petits pas.

Mgr, je suis ravi de faire votre connaissance.

Puis, se tournant vers Jenah, il inclina la tête : Ma Soeur !

Je suis Mgr Huon, un lointain prédécesseur à ce poste ...
Mgr Huon s'assit lentement dans le fauteuill désigné par l'archevêque.

Je vous remercie de me convier à votre discussion ...

Après tout, je pourrai certainement enrichir mes réflexions de notre échange.
En effet, d'une part, je suis moi-même actuellement candidat sur une liste comtale, même si ma candidature est de pure amitié et que je ne risque pas d'être élu. Et j'ai été élu à plusieurs reprises maire de Poligny, j'ai participé comme maire et auparavant comme archevêque aux séances du conseil comtal.
Par ailleurs, je suis assez proche de Starkel, ayant fait avec lui un voyage jusqu'à Alexandrie. Cela pourrait aussi permettre de nouer un dialogue plus apaisé ?

Après tant de paroles, Mgr Huon dégusta le vin.
L'oeil pétillant, il ajouta :

Je vois que les choses changent ici, et si tout s'améliore autant que le vin des caves de Besançon, l'Eglise va accomplir de grandes desseins ...

Je pense là qu'il y a plus qu'une insulte au Très-Haut ou à la religion, car il ne s'est pas contenté de l'insulte justement, mais peut-être me trompe-je. Je ne sais pas ce qu'il y avait dans sa tête à ce moment là et son comportement m'a déjà assez surprise. Il s'agissait du début des funérailles, c'était vraiment désolant. Je serais en effet pour demander conseil à la Sainte Inquisition, je pense qu'ils seront en mesure d'en savoir un peu plus et de mener enquête si nécessaire.

Par la suite Monseigneur Huon fit son entrée Jenah le salua d'un signe de tête accompagné d'un sourire, voila un moment qu'elle ne l'avait pas vu ici à Besançon.

De toute manière, l'Inquisition statuera. Même si j'aurai ô combien préféré un règlement à l'amiable. De plus, j'imagine qu'avec lui, le frapper d'interdit sera plus dommageable qu'autre chose.

Un franc sourire se dessina sur son visage quand le clerc vint à se présenter. Je suis fort heureux de vous connaître, mon frère et suis ravi que cette discussion vous incite à nous rejoindre.

Oui...comme je disais, rien n'empêche à un clerc d'occuper une fonction publique, bien sûr, qu'il soit commissaire au commerce, aux mines, juge, etc. J'ai moi-même été juge, ceci-dit et bien failli être Duc de Lorraine... et même de figurer sur une liste politique, comme nous trois l'avons tous été une fois.

... Mais, ce que je pointe du doigt, c'est qu'il doit avant tout, en tant que clerc, faire passer sa charge pastorale avant tout autre chose - entendu la tenue morale et la rigueur spirituelle - car le service de Dieu passe avant tout le reste et en se mettant au service de Son Eglise, il place le Très-Haut bien au-dessus de toute chose. D'où le devoir qu'il a, assez difficile, j'y conçois, de ne pas sombrer dans la partisanerie, car cela serait un danger pour sa mission pastorale.

Il sourit en pensant à son oncle. Je connais d'ailleurs feue un cardinal qui était particulièrement virulent en ce sens.

Cela lui faisait plaisir que le vin ramené de Valence plaisait aux clercs assis autour du bureau.Il leva la bouteille et s'adressa à Jenah puis à Huon. Encore un peu ?

[Oui pardon, c'est Archevêque IP de Cyrène, je me suis trompé ^^ ... Rahlala, quel mauvais archevêque je fais !]

Tant qu'ils en étaient à parler d'autre chose et à partager quelques gorgées, la brune reprit la parole pour tout à fait autre chose.

J'avais autre chose à vous dire aussi Monseigneur, il s'agit d'une requête qui m'a été portée par Artifice d'Ollivaud. Celui-ci souhaiterait lors des grandes fêtes prochaines du Comté que les heaumes et écus des participants à l'une des activité prévue soient exposés en la cathédrale. Ainsi tout le monde pourrait les observer, puis la messe serait dite à la mémoire des Franc Comtois disparus durant l'année 1463. il me demandait si cela était possible, je lui ai donc dit que je vous en parlerais pour avoir votre avis. Sans accord de l'archevêque la chose n'est pas possible.

A ces derniers mots, l'Archevêque se prit à revenir quelques années en arrière, du temps où il était aumônier des Cetzes à Lévis et où il avait béni les heaumes et armures des chevaliers participant aux fameuses joutes, exposés dans une immenses cathédrale de toile.

Avec plaisir. Vous avez mon accord, ma bénédiction et tout ce qu'il faudra pour que cette cérémonie ait lieu.

Il se tourna vers son aîné. Vous ferez-nous l'honneur de votre présence ?

Il se retourna vers l'Archdiadonesse. Ainsi que celle de toute l'équipe cléricale bisontine.

C'était donc une bonne nouvelle que Jenah pourrait annoncer à Artifice.

Il faudra en parler au Père Alexandre Farnèse, pour ma part j'en serais oui.

Tout en tendant son verre vide vers la bouteille, Mgr Huon s'interrogeait ...
Une cérémonie en la cathédrale ?
Euh, oui, bien sûr, je ferai mon possible pour y assister.
Quand cette cérémonie est-elle prévue ? (HRP : et sur quel serveur ?)

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